La constance

N°9 - 31 mai 2022

Chère Philothée,

Que le Seigneur vous donne la paix !

       La vertu se définit comme un habitus, c’est-à-dire une qualité stable. Une personne qui ne se met pas en colère en une occasion n’est pas forcément une personne patiente. Il ne suffit pas d’un acte isolé pour posséder la vertu de patience, il faut de nombreux actes, répétés fréquemment et avec intensité. Alors l’âme prend un pli, qui lui permettra d’être patiente en toute occasion et avec une certaine facilité. La vertu ne s’acquiert donc pas sans un travail, sans un combat contre soi-même. Mais il est clair que plus l’âme met de bonne volonté à la pratiquer, plus elle s’ancrera rapidement et profondément en elle.

       Appliquons ces principes à notre chère vertu : la modestie chrétienne. Il se rencontre assez fréquemment des personnes qui posent des actes isolés de modestie, mais il y en a beaucoup moins qui possèdent la vertu de modestie, et qui la pratiquent avec constance. Voyez cette jeune chrétienne : un jour elle porte une tenue digne de son baptême, et le jour suivant vous l’apercevez vêtue comme une femme du monde… Elle ne possède pas la vertu de modestie : il lui manque la stabilité dans le bien.

       Pour devenir vraiment modeste, que faut-il qu’elle fasse ? Il faut qu’elle répète fréquemment et avec intensité des actes de modestie : il faut qu’elle s’habille bien, c’est-à-dire chrétiennement, non seulement aujourd’hui, mais aussi demain, et encore après-demain. Il faut qu’en tout lieu elle conserve, quoiqu’il en coûte, sa bonne tenue. Cela ne sera pas facile au début, peut-être, mais si elle s’accroche et persévère, si surtout elle y met son cœur (en le faisant par amour pour Notre-Dame, dont elle doit rayonner les vertus), alors, bientôt, c’est avec facilité et avec joie qu’elle pratiquera une parfaite modestie, qui sera devenue chez elle une qualité stable, une véritable vertu.

       Veillez bien à cela, Philothée, car beaucoup de chrétiennes ont tendance à ressembler au caméléon : vous savez, ce petit animal qui change de couleur en fonction des temps et des lieux… A la messe du dimanche, dans telle chapelle, elles porteront une jupe relativement longue et le voile sur la tête ; mais dans telle autre chapelle où des coutumes plus libérales sont installées, vous les verrez portant une jupe au genou (ou au-dessus) et étalant leur chevelure. En milieu chrétien, elles ne se permettraient pas le pantalon ; mais dès qu’elles sont dans le monde, elles l’adoptent promptement. Les jours de mariage, là aussi, la coutume s’impose de plus en plus : comment ne pas céder à la pression sociale ? Il faudra bien porter la mini-jupe !

       Pour vous, Philothée, ayez le désir et la volonté ferme de rester fidèle à Notre-Seigneur en toutes circonstances : ne vous contentez pas de poser des actes de modestie, mais soyez vraiment et constamment modeste. Que le Christ règne sur vous toujours et partout : « Christus semper et ubique imperat ! » Alors seulement vous pourrez prétendre posséder cette vertu aussi belle que rare, qui a une efficacité si grande pour vous rendre semblable à la Reine du Ciel et agréable à Dieu et aux hommes.

        Un dernier conseil : le moyen infaillible de savoir si l’on possède ou non une vertu, c’est de se demander : est-ce que je l’aime ardemment ? En effet, ce qu’on aime ardemment, on le pratique nécessairement en toute occasion et à la perfection (ou du moins de son mieux), avec facilité et avec joie !

Avec ma bénédiction.                                        « Je veux voir Marie ! »                                                  Fra Modestino

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NB : Le but de cette feuille n’est pas de rappeler le minimum de décence que l’Église exige de ses filles (jupe recouvrant les genoux et voile dans les lieux de culte), mais bien plutôt d’engager toutes les chrétiennes de bonne volonté (Philothée) à pratiquer et à promouvoir, avec constance et de tout leur pouvoir, une parfaite modestie, seule capable de mettre en échec les forces de corruption du monde moderne et de ramener partout un authentique esprit chrétien… (Concrètement : jupe au moins à mi-mollet, ni fendue, ni transparente).

       Une vraie et profonde vie intérieure (oraison, chapelet, lecture spirituelle, etc…), par laquelle l’âme s’unit plus étroitement à Notre-Seigneur, rend la pratique de cette parfaite modestie comme naturelle : tout devient facile quand on aime !

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